André Bobinec, marin à la pêche, au remorquage et syndicaliste CGT
Le syndicat marchait surtout avec les bateaux qui naviguaient au mois. Il y avait quelques marins qui étaient syndiqués sur les bateaux à la part. Le syndicat a vraiment fonctionné à partir de 1963 avec la grève et au fait que grâce au syndicat les marins ont obtenu quelques avantages.
Les bateaux au mois avaient des congés payés, ceux à la part n’en avaient pas. En 63, on a commencé à avoir quelques jours. La CGT était le seul syndicat présent chez les marins. Jacques Bobinec, mon frère, était secrétaire du syndicat CGT des marins de La Rochelle. Je me souviens des premiers débats qu’on a eus avec les armateurs. Mon frère amenait des idées, ayant été naviguant, il savait comment ça se passait. Il a perdu un œil, il ne pouvait plus naviguer, donc il est devenu permanent du syndicat. Il a fait les grands bateaux à vapeur au départ, il a arrêté de naviguer en 61-62. C’est lui qui a mené la grève en 63. Il a succédé à Robineau ( ?). M. Menu s’en rappelle beaucoup. C’est là où les bateaux à la part ont eu pas mal d’avantages, congés payés, repos compensateurs.
J’ai commencé à être syndiqué, j’étais sur le Charles Letzer. André Houssais était comme bosco, le patron, c’était Jean Marec, en 54-55. Aux remorqueurs, officiers et matelots, tout le monde était syndiqué. On était six à bord, maintenant, ils sont quatre.
Le mouvement important après, c’est en 68. On a obtenu des avantages supplémentaires. On a fait 21 ou 22 jours de grève. C’est à ce moment-là que je suis entré aux remorqueurs et on a fait plus de jours. Les lamaneurs étaient commandés par les pilotes et ils voulaient être seuls. C’est là qu’ils ont eu leur indépendance et ont créé leur coopérative. On a fait une semaine de grève de plus pour eux. M. Gérard Gomez était lamaneur à cette époque.
Maintenant le syndicat est plus qu’en sommeil, il n’y a plus de marins. Ce sont les retraités qui se réunissent au local CGT aujourd’hui et on devrait être plus nombreux. Pour les remorqueurs, on se réunit tous les mardis. C’est toujours Claude Boutin qui est secrétaire du syndicat, il a remplacé Marc Mercier.
A la pêche, il n’y a plus que des patrons armateurs et les matelots ne sont pas nombreux. Il n’y a plus de pêcheurs syndiqués. Le peu de syndiqués, c’est le remorquage, quelques gens du balisage, c’est tout. Quand il y avait les bacs, les gars étaient syndiqués. Là aussi, il y a eu des belles luttes. Il y avait Gaby Baudier, il était mécanicien aux bacs.
Les premiers arbres de Noël, c’est grâce au syndicat. Le premier qu’on a fait, c’était à l’Apollo, et après au théâtre, il y avait des clowns et des cadeaux, puis ça s’est arrêté. Il y avait une participation des armateurs. Il n’y avait pas de comités d’entreprise.
Les bateaux sont partis au fur et à mesure et il n’y a plus eu de lutte. Les gens ne se défendent plus, on le voit bien partout.