Fiche du navire
Saint Gilles
Construit en 1958 aux chantiers navals des ACRP à La Rochelle, ce navire termine sa carrière au port de La Pallice où il est désarmé en 1989. Le président de l'Union des Remorqueurs de l'Océan demande alors au Musée Maritime de La Rochelle d'en assurer la conservation. Le remorqueur est hissé sur le slipway en septembre 1994 et après plusieurs phases de restauration sera remis à l'eau le 18 septembre 2009.
Convoyage du Guérande, sister-ship du Saint-Gilles aux Antilles
Un récit d'Erwan Jégo
Quand je suis à La Rochelle, il n’y a pas un jour où je ne passe voir le Saint Gilles sur le slipway. Je suis très fier de le voir là-haut, tout brillant et restauré avec l’espoir de sa prochaine remise à l’eau. (NDLR : interview réalisé en 2004. Le Saint Gilles était alors en travaux sur le slipway. Il est actuellement à l’eau, amarré à couple du France I. Ce bateau me tient à cœur, J’ai vécu des moments très forts à son bord pendant 5/6 ans et l’ai commandé après Georges Terrier. Je me souviens en particulier du remorquage de l’Ile de France dans le golfe de Gascogne. J’ai aussi commandé son sister-ship, Le Guérande que j’ai emmené aux Antilles. Quand j’ai pris le commandement du Saint Gilles, nous étions basés à La Pallice. On rentrait les cargos et on effectuait divers petits remorquages côtiers. C’était un remorqueur de haute mer et c’est vrai que ces bateaux étaient construits pour l’affronter. J’en ai fait l’expérience avec « Le Guérande » en traversant l’Atlantique dans une furie de temps. Je devais l’amener aux Antilles où Gérard Gomez voulait créer une société de remorquage. Il y avait dépression sur dépression et pas de fenêtre météo pour passer le golfe de Gascogne. L’équipage avait embarqué, mon directeur était parmi nous et voulait voir son bateau partir et il me disait : « Erwan, tu me coûtes cher, l’équipage est au complet. Il y a des dépressions, c’est vrai, mais c’est un remorqueur et un remorqueur, ça prend la mer par tous les temps » Donc finalement, Gérard, mon patron et ami m’a tellement cassé les pieds que je suis parti malgré les consignes de l’administrateur des Affaires Maritimes. Ce bateau avait 35 ans et il aurait fallu attendre un meilleur temps …On s’est pris une branlée dans le Golfe de Gascogne avec des creux de 10/12 mètres. Les Guadeloupéens ne connaissaient pas ça bien entendu. Ils étaient affalés à la passerelle et il n’y avait plus personne à la bécane ! Le moteur tournait …on se demandait comment… et le bateau avançait à l’épaulée vers la grosse lame… (Avancer à l’épaulée : prendre la mer par l’épaule du navire, c’est à dire par le coté pour empêcher le navire de trop s’immerger au tangage). On a gardé ce temps jusqu’après le Cap Finistère. Ca s’est assagi vers Les Canaries. Au début de la mise en place de la société de remorquage, on n’avait pas beaucoup et l’armateur se faisait du souci. Je le rassurais en lui disant qu’il fallait le temps de se faire des clients. On a pu très vite montrer ce qu’on pouvait faire en sauvant un magnifique voilier qui s’était foutu au sec aux Saintes, un gros catamaran à moteur qui transportait 400 passagers, un cargo en perdition sur les côtes guadeloupéennes … Ce remorqueur qui avait été rebaptisé « Boris » a tourné pendant 10/12 ans et a été remplacé dernièrement par un bateau que j’avais commandé aussi à la Pallice Le Ouessant. Comme le Saint Gilles, ce navire, le Guérande avait été construit lui aussi à La Pallice. Il était un peu plus gros et plus puissant et avait été armé par l’URO à Bordeaux avant d’être vendu aux Antilles.
Récit recueilli auprès d’Erwan Jego lors d’ « Alors, Raconte ! 2010 ».