Fiche du navire

Manuel Joël

Construit en 1955 à l'emplacement du Musée Maritime de La Rochelle, le Manuel Joël a pêché au large dans les eaux du Golfe de Gascogne jusqu'en 1979, puis a pratiqué la navigation côtière au large des pertuis charentais.
En 1992, après 37 années de navigation, son propriétaire, Henri Teillet en fait don au Musée Maritime de La Rochelle.
Le chalutier rejoint ainsi les unités du Musée Maritime de La Rochelle qui le fait classer au titre de Monument Historique en septembre 1994.

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Le Manuel-Joël et moi, c’est une longue histoire…

C’est en mémoire de mon père que j’ai fait don du Manuel-Joël au Musée Maritime de la Rochelle. C’est un chalutier classique à pêche latérale comme ce qui se faisait dans ce temps-là : 18m hors tout, 6,50m de large, 3,50m de tirant d’eau, 47 tonneaux et un moteur de 300CV. C’était un bateau robuste. C’est un des derniers de ce type là et c’est pour cela qu’il a été classé. Un chalutier classique travaille sur le côté au lieu de travailler en pêche arrière. L‘inconvénient, c’est que la manœuvre est moins rapide, l’avantage -et pas le moindre- c’est que, quand vous êtes crochés au fond, vous pouviez manœuvrer, c'est-à-dire revenir sur vos engins alors que sur un chalutier pêche arrière si vous êtes crochés à moins qu’un câble ne casse, vous êtes pris au piège. Nous pratiquions la pêche au large avec un équipage de 6 personnes. Les dernières années, nous étions armés à la pêche côtière et nous n’étions plus que 3 à bord. Je suis très attaché à ce bateau. Le Manuel-Joël et moi, c’est une longue histoire ! J’ai débuté ma carrière de marin comme mousse à bord. J’en suis devenu propriétaire et je l’ai commandé pendant 25 ans. Il avait sa place réservée devant le Café du Nord, il n’avait pas le droit de débarquer dans le grand bassin. Le Manuel-Joël a été construit par mon père à La Rochelle. C’est dans ce même chantier qu’avait été construit l’Atao, un bateau commandé par les frères de Roger Barbotin. Le chantier de mon père était un chantier à l’emplacement de l’actuel Encan. La construction de la criée a commencé en 52, j’avais 7/ 8 ans. Avant, il y avait une baraque en taule et c’était une charrette avec des pneus, tirée par un cheval qui transportait les paniers de poisson. J’ai offert le bateau dans le cadre du plan Mellick (NDLR : Avec le plan Mellick en 1991 pour le renouvellement de la flotte de pêche, les propriétaires étaient incités à mettre leur navire à la casse en échange d’une prime). A cette époque, nous étions nombreux à quitter la pêche car nous connaissions de sacrés problèmes. Patrick Schnepp, le directeur du Musée maritime m’avait dit «n’aie pas peur, on le bichonnera » mais bichonner…il y a des moments, je me dis que j’aurais mieux fait de le démolir, plutôt que le voir dans cet état. (NDLR : Interview de 2006 avant le début de la restauration du Manuel-Joël commencée en 2008. Ces travaux s’achèveront en 2011 pour un montant total de 680 000€HT). Le problème, c’est que pour entretenir un bateau comme ça, il faut une fortune… Quand il pleut sur du bois qui a pris l’eau salée, c’est comme si vous mettiez du vitriol parce que, avec l’eau douce, tout pourrit. Alors dès qu’il pleut… Un bateau en bois qui reste dans un bassin, c’est la mort, déjà à cause de la chaleur des quais, du béton. Quand on était stoppé l’été, on mettait des vieux chaluts mouillés et le soir on arrosait pour donner de la fraîcheur.

 

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