Fiche du navire
Joshua
Ketch rouge mythique, derrière lequel se dessine en filigrane la silhouette de Bernard Moitessier, grand écrivain de mer et premier homme à avoir eu dans son sillage un tour du monde et demi sur les mers du globe, sans escale, sans aide extérieure et en solitaire ! Ce voilier en acier de 12 mètres a été baptisé Joshua en hommage au célèbre navigateur Joshua Slocum. http://www.photographies.marais.poitevin.fr/Le-Joshua-marais-poitevin.htm
Témoins
- Bernard Moitessier : Interview de Véronique Lerebours réalisé en septembre 2004.
- Joshua ressuscité !
- Joshua, le ketch de Bernard Moitessier
- La rencontre magique entre Joshua et Suhaili à Brest 2004
- Bernard Moitessier : Les Mémoires de « GUN »(1) Recueillies par Henry Wakelam
- Naviguer aujourd’hui sur Joshua, c’est possible
- Un bateau très bien conçu
- Vue intérieure
Interview de Véronique Lerebours réalisé en septembre 2004.
Compagne des dernières années de la vie de Bernard Moitessier, elle venait de sortir son livre « Bernard Moitessier, au fil des rencontres » (Arthaud).
- Musée maritime de la Rochelle : Véronique Lerebours, qui était Bernard Moitessier ?
- Véronique Lerebours : c’est difficile de répondre en quelques mots amis je dirais que c’était une formidable énergie, une formidable ténacité à vivre et à surmonter les épreuves et surtout à oser partir dans des directions diverses en fonction de ce qui se présentait »
- Musée maritime de la Rochelle : on a l’image d’un homme solitaire.
- Véronique Lerebours : Bernard Moitessier a été connu par ses navigations en solitaire qui ont marqué l’histoire de la voile parce qu’il avait fait quelque chose d’extraordinaire. Mais, cette expérience ne rend pas compte de l’homme dans toute sa complexité. C’était aussi un formidable homme de rencontres. Il avait besoin de contacts avec les autres, c’était un homme de communication. Cet aspect de sa personnalité est moins connu parce qu’on a mis surtout l’accent sur sa capacité à vivre en solitaire.
- Musée maritime de la Rochelle : vous avez navigué avec bernard Moitessier sur son dernier bateau, Tamata.
- Véronique Lerebours : Tamata a vu le jour à la suite du naufrage de Joshua en 1982 au Mexique. Bernard avait à l’époque 58 ans. Pour lui, l’idée de vivre sans bateau, c’était absolument impossible. Il s’est créé toute une chaîne de solidarité qui l’a aidé à construire un nouveau bateau. Il le voulait plus petit pour pouvoir l’entretenir plus facilement. Il approchait de la soixantaine et n’avait plus la même force qu’à 30 ans. Il voulait un bateau de 9 mètres. On a réussi à lui construire un bateau de 10 mètres en acier où l’on retrouvait toutes les caractéristiques de simplicité, de sobriété de Joshua : un bateau en acier robuste. C’est un cotre et non plus un ketch. Tout est simple : un bateau avec un moteur à refroidissement à air, démarrage à la manivelle. Pas d’électricité, pas d’alternateur, juste une petite batterie avec un panneau solaire. Tout est simple parce que Bernard a toujours eu pour philosophie de ne posséder que des choses qu’il pouvait entretenir lui-même. Tamata avait atteint un niveau de simplicité encore plus poussé que Joshua, mais avec la même capacité marine. C’était un bateau marin, un bateau solide, c’est toujours …car ce bateau navigue encore »
- Véronique Lerebours Bernard Moitessier vous parlait-il de Joshua ?
- Véronique Lerebours : Bernard ne parlait pas beaucoup de son passé. Il ne m’a donc pas « raconté » Joshua. Mais, j’avais lu tous ses livres avant de le rencontrer. J’étais amoureuse de son histoire et de la simplicité avec laquelle il avait conçu son bateau. Joshua est un bateau qui reste puissant et très stable. On peut naviguer en solitaire en toute sécurité. Ceci dit, Bernard était quelqu’un de très physique, de très sportif. Il pouvait grimper en haut du mât comme il pouvait plonger et gratter la carène du bateau en mer. Il avait une capacité que peu de personnes, même des marins, ont. Et donc, Joshua est à son image : pas beaucoup d’aides à la manœuvre, un guindeau manuel, pas d’électricité à bord. Il y a eu des périodes « winches » et des périodes sans « winches ». Joshua a eu une deuxième vie. Ce bateau qui avait fait naufrage en 1982 a été restauré grâce d’abord par des jeunes aux Etats Unis puis ensuite, grâce au Musée Maritime de La Rochelle qui l’a racheté et qui l’entretient magnifiquement. C’est quelque chose d’extraordinaire. Bernard était très heureux de savoir que son bateau continuait à naviguer et qu’il n’était pas exposé comme un bateau en bouteille dans un musée, il y était très sensible »
- Musée maritime de la Rochelle : Vous venez d’écrire un livre (NDLR : nous sommes en 2004) : « Bernard Moitessier au fil des rencontres » aux éditions Arthaud.
- Véronique Lerebours : Il y a bientôt dix ans que Bernard Moitessier nous a quittés. Je suis partie à la rencontre des nombreuses personnes qui ont jalonné sa vie, qui on fait un petit bout de chemin avec lui, depuis l’école en Indochine jusqu’au dernier carénage de Tamata en 1993 en Polynésie. Je me suis concentrée sur la rencontre entre Bernard et eux. Et grâce à ces témoignages à travers le temps, de 1936 jusqu’en 1993, et à travers différents lieux où Bernard a vécu, on arrive à avoir un portrait de Bernard à travers ses multiples facettes. Ce portrait est en miroir avec ce que Bernard a dit lui-même de ces rencontres. J’ai pris des extraits de ses livres quand il parlait des personnes que j’ai citées. Cela donne un ton original : ce n’est pas le livre d’un auteur, c’est presque un livre collectif, un témoignage. C’est à l’image de ce que vous faites aujourd’hui au Musée Maritime de La Rochelle lors de ces journées « Alors, Raconte » et qui est fabuleux. Dans mon cas, mon livre, c’est une rencontre entre l’homme exceptionnel qu’était Bernard et ces personnes qui sont parfois des anonymes mais qui ont partagé un moment de vie avec lui ».