Fiche d'un lieu
Halle à Marée
L’encan ou halle à marée est le lieu de la première mise en marché du poisson à son déchargement des bateaux. La vente du poisson à la criée, au plus offrant, est une tradition qui remonte au delà du Moyen Age. L’encan du bassin des chalutiers a vu l’apogée de la pêche rochelaise avec 25 000 tonnes en 1965 vendues avant que de nombreux facteurs ne concourent au déclin des apports.
- Jean Dumoulin : Cases de mareyeurs
- Vincent Gouraud : Commis mareyeur
- Gina Rousselet : Conditions de travail dans Le froid
- Jean Dumoulin : Construction progressive de l’Encan
- Encan du bassin des chalutiers de la Rochelle : 41 ans au service de la pêche
- Jean Dumoulin : Enchères
- Yves Joncour : Grève de 1968
- Yves Joncour : Grève de 1968 : réunion du 29 mai
- Jean Dumoulin : Histoire du métier de mareyeur
- Jean Dumoulin : La vie à l’Encan
- Jean Dumoulin : Le bruit des machines à glace
- Jean Dumoulin : Les conditions de travail à la Criée
- Gina Rousselet : Les odeurs de l’Encan
- Jean Dumoulin : Les trieuses et le poisson frais
- Jean Dumoulin : L’expédition du poisson
- Gina Rousselet : Travail des huitres et de la morue
Encan du bassin des chalutiers de la Rochelle : 41 ans au service de la pêche
Un texte d’Yves Gaubert
Le marché aux poissons de La Rochelle a occupé plusieurs lieux différents au cours des siècles. Au 13ème siècle, il se situe entre la rue du Port et la petite rue du Port. Au 18ème siècle, il est transféré en partie rue Amelot. A partir de 1847, il occupe l’ancien couvent des Carmes, rue Saint Jean du Pérot, devenu depuis La Coursive, scène nationale, maison de la culture de La Rochelle.
En 1862, un bassin à flot extérieur est construit pour accueillir l’activité des navires de commerce trop à l’étroit dans le bassin à flot intérieur. Ce bassin va devenir le bassin des chalutiers après la création du port de La Pallice. A la fin du 19ème siècle apparaissent les premiers chalutiers à vapeur. Ceux-ci vont changer les conditions de pêche et accroître la production. Au début du 20ème siècle naissent les sociétés d’armements, les Pêcheries de l’Atlantique, d’Oscar Dahl, l’Association rochelaise de pêche à vapeur, Les Chalutiers de La Rochelle, Les Pêcheries charentaise de chalutage à vapeur et Les Pêcheries et Armements de La Rochelle-Océan.
Ces sociétés de pêche industrielle ne passent pas par l’encan et vendent directement aux mareyeurs et aux grossistes. Les locaux de ces entreprises sont dispersés dans La Rochelle. Pour rationaliser leur activité et les regrouper au bord du quai où les navires déchargent leur pêche, la chambre de commerce leur construit cinq bâtiments en ligne le long du quai Est du bassin extérieur. Les travaux sont menés de 1923 à 1926. Mais la dépression de 1929 et la surexploitation de la ressource de pêche réduira à trois le nombre des pêcheries en 1939.
En 1944, la chambre de commerce obtient la concession pour l’exploitation de la criée de l’ancien couvent des Carmes. Pour continuer sa politique de regroupement de tous les acteurs de la pêche sur le même site, la CCI décide la construction d’un encan au bassin des chalutiers. Les travaux commencent en 1950 et se terminent en 1953. La nouvelle halle à marée est inaugurée en 1956.
Le nouveau bâtiment est construit entre les anciennes pêcheries et le bord du quai. La criée, à elle seule, mesure 280 mètres de long (après un agrandissement de 75 mètres en 1962) sur 20 mètres de large. Des portes s’ouvrent sur le quai et le poisson déchargé est directement vidé sur les tables de tri. Les cases des mareyeurs sont installées dans deux nefs principales séparées pour une nef secondaire faisant couloir. 85 ateliers de mareyage d’une superficie de 35 m² à 500 m² se partagent l’espace. Ils sont disposés au Sud et à l’Est de la criée et des anciennes pêcheries. Le côté Est est équipé d’un quai de chargement des camions. Sur la partie Nord, un « quai parapluie » longe les rails de la gare SNCF permettant aussi une expédition par trains.
« La chambre de commerce et d’industrie livre dans chaque case de l’eau douce, de l’eau saumâtre épurée. A chaque mareyeur de compléter l’équipement, notamment d’une chambre froide. Les cases sont dotées d’un plancher en hauteur destiné à supporter la réserve des caisses d’expédition, » écrit Philippe Sengel dans le numéro de mai-juin 1994 d’Aunis Eco, la revue de la CCI de La Rochelle.
Au Sud de la criée, un bâtiment administratif regroupe différents services, la direction de la halle à marée, les vestiaires, les douches et le réfectoire du personnel, les bureaux du syndicat des mareyeurs, du From Sud-Ouest (Fonds régional d’organisation du marché), une salle de réunion, un bureau de poste. Le restaurant de La Marée, accessible par un des couloirs et situé à l’étage, a fonctionné depuis l’ouverture jusqu’en 1986.
Le nouvel encan verra l’apogée de la pêche rochelaise d’après guerre avec 25 000 tonnes de poisson en 1964 et 1965. Après commencera un long déclin marqué par quelques paliers au cours desquels l’activité se maintiendra ou repartira provisoirement : 20 000 tonnes en 1968, 15 000 tonnes en 1975, 9 000 tonnes en 1978, un chiffre qui se maintiendra plus ou moins jusqu’en 1989. Quand la criée ferme ses portes à l’ouverture du port de Chef de Baie en octobre 1994, le chiffre est tombé à 5 400 tonnes.
Les chocs pétroliers et l’éloignement des lieux de pêche ont eu raison des chalutiers industriels entre 1974 et 1990. La relance de la pêche artisanale à partir de 1982 donnera un coup de fouet à la construction. Mais la crise de 1993 sera le début d’une nouvelle descente.
Les atelier de mareyage ont suivi à Chef de Baie lors du transfert du port de pêche. Ainsi l’encan du bassin des chalutiers aura fonctionné 41 ans avant sa réhabilitation par la Ville. L’Espace Encan, centre des congrès occupe la partie nord du site, Le quai Est accueille des artisans et la partie Sud-Ouest bord à quai constituera avec le slipway et les quais du bassin des Chalutiers le nouveau site du Musée maritime de la Rochelle fin 2012.