Fiche du témoin
Christian Raugel
Christian Raugel aime à évoquer ses embarquements comme radio maritime à bord des Frégates Météo Stationnaires France 1 et France 2 entre 1969 et 1983. Il avoue que son point préféré était le point A, le plus au nord avec ses nuits polaires, ses tempêtes impressionnantes, ses jours d’été sans fin et ses aurores boréales. Passionné par son métier, il décrit avec précision les tâches d’un radio de la Mar Mar.
Navires
On n’allait nulle part ….
Un récit de Christian Raugel
Pour un radio « mar-mar », la navigation sur les frégates pouvait avoir quelques côtés frustrants. D’abord, on n’allait nulle part… alors que, même sur un porte-conteneur aux escales trop courtes pour descendre à terre, on a toujours le plaisir de franchir des caps, de charger et décharger du fret, de rencontrer quelques gens du port, de passer progressivement d’une mer et d’un climat à l’autre. Le travail accompli est ainsi balisé d’une manière concrète et satisfaisante pour l’esprit et le cœur. Des frégates, je me rappelle trop le lent décompte des jours, illustré par la fête de la « mi-point » avec son délicieux repas, ses compétitions sur le pont, des chants et même une poésie de M. Cavallo, lyonnais comme moi. Et le cinéma hebdomadaire dans le grand réfectoire du pont inférieur, les violons d’Ingres des uns et des autres (lecture, jeux, laboratoire photo, bateaux en bouteilles et même des travaux d’aiguille !). Quelquefois, un appareil de Lann-Bihoué venait nous parachuter un conteneur de courrier. Sans compter le point d’orgue, le voyage de retour où les gens de la Machine couplaient le groupe de secours « Poyaud » sur les barres de propulsion, pour nous ramener plus vite à La Pallice. Mais, tandis qu’à bord des cargos le radio assurait l’entretien des radars et autres équipements radio électroniques, ceux des frégates étaient bichonnés pendant les deux ou trois semaines « d’inter-point » par un excellent technicien sédentaire. J’ai gardé de lui un excellent souvenir mais, passionné d’électronique, ce genre de travail me manquait un peu.