Fiche du témoin
Richard Pillard
Richard Pillard a été lieutenant à bord de l’Angoumois. Il a été à l’Ecole d’Apprentissage Maritime de la Rochelle et a embarqué comme mousse sur le Saint-Patrick. S’il a terminé sa carrière comme capitaine de barge dans le off-shore, il n’a jamais oublié ses années à la pêche.
- La pêche à la langoustine dans le nord
- Le satanicle, oiseau de mauvaise augure
- On embarque le chalut !
- Premier embarquement
- Second sur l’Angoumois
- Tempête sur l’Oeuvre
- Tu ne vas pas rester matelot toute ta vie !
- Zones de pêche rochelaise : de l’Espagne à l’Ecosse, un récit de Richard Pillard
- « On passait dedans… », un récit de Richard Pillard
La pêche à la langoustine dans le nord
J’ai quitté le Pampero parce que j’avais des copains qui naviguaient sur L’Oeuvre, un petit bateau commandé par Henri Dubourg. Ils avaient commencé à faire la pêche à la langoustine dans le nord. C’était une pêche qui rapportait. Donc, un peu par l’appât du gain, et, entraîné par les copains qui insistaient pour que j’embarque avec eux, je suis parti naviguer sur L’Oeuvre. L’Oeuvre, faisait partie de cette catégorie de bateaux qui faisaient de la pêche côtière comme le Manuel-Joël, le Baraka, le Brin de Muguet etc. C’étaient des bateaux sans confort. A bord de L‘Œuvre, il n’y’avait pas de toilette, il y avait une petite cuisine de rien du tout, une petite passerelle… Le bateau était très, très vieux… C’était un ancien thonier qui avait été transformé. J’ai fait ma première campagne à bord comme matelot. Nous sommes allés pêcher sur les côtes de l’Angleterre, de l’est-Irlande jusqu’aux Iles d’Aran. C’était une nouvelle expérience parce que, sur ce bateau, nous n’étions que six à bord : un patron, un mécanicien et quatre matelots. On n’avait pas de radar et même pas de canot de sauvetage, juste un canot en bois au cas ou ! On partait donc de La Rochelle pour aller jusqu’en Angleterre. On était les trois quart du temps tout seul à la barre et, quand il y avait de la brume, il fallait bien ouvrir les yeux parce qu’à l’époque, on n’avait pas de radar et il n’y avait pas de rails de circulation comme maintenant … Alors, avec tous les paquebots, les cargos, les bateaux de pêche, les bateau de commerce qui se croisaient, c’était une grosse responsabilité pour l’homme à la barre parce que le patron ne pouvait pas être toujours là en train de surveiller. On commençait par les zones de pêches dans l’ouest de l’Angleterre : Labadie Bank, Jones Bank et Small Bank. Si on n’avait pas assez pêché, on remontait ensuite le Canal Saint-Georges jusqu’à la Baie de Liverpool. En fin de saison, vers la fin août jusqu’en septembre, on allait à l’ouest de l’Irlande où l’on pouvait ramener de la très grosse langoustine. On passait le Fastnet, le phare de Blasket pour pêcher à hauteur de Galway et des Iles d’Aran. On pêchait très près des côtes, à 6 miles. On jouait au chat et à la souris avec le mauvais temps : on allait se réfugier dans la baie de Galway. Les marées duraient 12 jours, 15 jours quand nous passions sur la côte ouest de l’Irlande.