Fiche du témoin
Pierre Layec
Pierre Layec est né dans la presque’ ile de Rhuys en Octobre 1942. Fls de marin, petit fils de marin, et neveu de marin, il n’a pas eu le choix ! Après le certificat d’études, son père l’inscrit à l’Ecole d’Apprentissage Maritime d’Etel où il passe son CAP de marin section Pont. Il évoque avec humour ses embarquements sur les frégates météo au service général comme garçon de carré.
Navires
5 Retour à La Pallice et interpoint
Après la relève par le France 2, le France 1 revient à La Pallice pour trois semaines d’interpoint consacré entre autre à la remise en état de la Frégate qui en avait bien besoin. Les épouses des membres d’équipage venues à bord les accueillir nous ont fait observer que l’atmosphère dans le navire étaient irrespirables. Il est vrai que la météo ne nous avait pas permis d’aérer et que se mêlaient aux odeurs de la machine, des effluves de cuisine, des relents de cigarettes, jusqu’aux effluves de chaussettes sales stockées dans nos placards … Certes, ce n’était pas du Chanel !
Nous étions quelques uns du même âge et I‘interpoint était pour nous l’occasion après le travail d’aller voir nos “cousines’ et de traîner dans les bistrots de La Rochelle. Il nous arrivait de temps en temps de rentrer au petit matin « légèrement » éméchés. Pour rentrer à bord, il nous fallait traverser la Base Sous-Marine de La Pallice qui n’était pas très éclairée. Vu notre état, cela nous prenait facilement une bonne heure pour arriver à la sortie en tirant des bords. J’avais trouvé une astuce qui nous permettait de gagner facilement une bonne demi-heure : il suffisait de suivre les rails des chariots qui transportaient les torpilles des sous marins allemands. A l’entrée, je me mettais à quatre pattes, et, faisant glisser ma main sur le rail, je pouvais tenir le cap jusqu’à la sortie. J’étais en tête d’une chenille, chacun s’agrippant à la ceinture de celui qui était devant… et vogue la galère !
Un beau matin, nous avons eu la surprise de voir à la sortie de la base quelques personnes qui nous attendaient revenir de notre bordée. Parmi elles, la femme d’un membre de l’équipage était armée d’une caméra super 8… Sous l'oeil de la caméra, nous rectifions la position, et fiers comme Artaban, nous nous efforçons de ne pas manquer la coupée. Enfin arrivés dans la coursive extérieure sans trop de mal, nous nous appliquons à descendre dignement l’échelle vers nos cabines respectives...Je n’ai jamais pu savoir ce qu’était devenu le film et cinquante ans après, je me pose toujours la question !