Fiche du témoin
Jean-Louis Jezéquel
Jean-Louis Jezequel n’a pas 15 ans quand il fait son premier embarquement à bord du chalutier Les Baleines II. C’est son grand-père, marin-pêcheur à Saint-Pierre et Miquelon, qui est à l’origine de sa vocation. Le petit Jean-Louis est fasciné par ce personnage qui fait de la contrebande de cigarettes et de whisky entre le Canada et les Etats-Unis. Son père lui racontait comment il arrivait à semer les bateaux de la douane américaine dans le brouillard du Labrador. Le regret de Jean-Louis : son grand-père n’a jamais su qu’il avait suivi sa trace …de pêcheur, pas de contrebandier !
On leur jetait le poisson sur le quai...
J’étais mousse sur Les Baleines II, au large de l’Espagne. On a eu une avarie : on a perdu le chalut et un panneau. Le rouleau de la ferme avant avait cédé. Le frein du treuil n’avait pas fonctionné et la fune avait cassé. On a essayé de recrocheter le chalut avec un triangle de panneau et des crocs. Mais on n’a jamais pu le recrocheter. On avait perdu 400 mètre de câble … ça faisait beaucoup d’argent. Alors, on est rentré au port de La Corogne pour réparer et mettre le panneau de rechange et le filet. Le patron m’avait demandé de garder le poisson invendable. D’habitude, on le jetait. En arrivant à la Corogne, on a donné ce poisson aux gens. Moi, le mousse, je donnais à manger à des pauvres gens qui étaient sur le quai. Ca m’a choqué. On jetait le poisson sur le quai, on ne leur donnait même pas de main à main. On leur jetait sur le quai. Au sol.