Fiche du témoin
Claude Gueguen
Quand les anciens évoquent Claude Gueguen, c’est avec le respect qu’ils accordent aux grands patrons de pêche. Claude Gueguen est né à la Rochelle d’une famille de pêcheurs bretons d’Henvic, près de Morlaix. En 1939, il embarque comme mousse sur le Marie-Thérèse II pour sa première marée. Il sera un jeune patron : à 28 ans, il prend son premier commandement sur l’Othello, armement Lebon. Il a su fidéliser un équipage qu’il imposait aux armateurs lorsqu’il changeait de bateaux, le Jean-Pierre, le Coligny, l’Euros, le Koros... Il terminera sa carrière à la pêche en commandant le Kressala et embarquera sur le France 1 pour quelques missions au point K.
Pêche au sous-marin
On était en pêche de nuit. Il était près d’une heure du matin. Forcément, tous les accidents, c’est la nuit ! On était en étal, on avait croché. On était stoppé. Alors, je demande de virer, y’avait que ça à faire. Alors, on commence à virer. D’un seul coup, je vois les funes, les câbles qui arrivent à plat sur l’eau. Ce n’est pas possible, on a pêché un sous-marin, j’ai dit en rigolant ! Et puis, d’un seul coup, y’a un sous-marin qui fait surface ! J’ai voulu m’approcher de lui. C’était un français, heureusement. Je ne me rappelle plus son nom. Il ne voulait pas qu’on s’approche. Forcément, il avait peur qu’on ne le touche. Parce qu’un sous-marin, si on le touche, on le fiche au fond : ils ont une double coque et si on en crève une, il coule. Alors, qu’est-ce qu’il a fait le malheureux ? Le patron du sous-marin, il connaissait son travail. Il a replongé et a fait surface de l’autre côté. De tribord, il est passé à bâbord. Ca fait qu’il s’est libéré tout seul. Il a fait son boulot. Pas une avarie, pas une maille de déchirée ! Malgré tout, l’armateur, Monsieur Auger a quand même obtenu des dédommagements parce que les funes avaient été un peu raguées...Enfin, bon, les armements, ils cherchaient toujours à « gratter » quelque chose !