Fiche du témoin
Claude Gueguen
Quand les anciens évoquent Claude Gueguen, c’est avec le respect qu’ils accordent aux grands patrons de pêche. Claude Gueguen est né à la Rochelle d’une famille de pêcheurs bretons d’Henvic, près de Morlaix. En 1939, il embarque comme mousse sur le Marie-Thérèse II pour sa première marée. Il sera un jeune patron : à 28 ans, il prend son premier commandement sur l’Othello, armement Lebon. Il a su fidéliser un équipage qu’il imposait aux armateurs lorsqu’il changeait de bateaux, le Jean-Pierre, le Coligny, l’Euros, le Koros... Il terminera sa carrière à la pêche en commandant le Kressala et embarquera sur le France 1 pour quelques missions au point K.
La pêche en Espagne
J’ai commencé à aller en Espagne avec l’Euros et le Koros. Il y avait aussi une zone où j’aimais bien aller, c’était le fer à cheval, près d’Arcachon. On pêchait au bord des fonds, aux accores. C’était un peu périlleux car on faisait beaucoup d’avaries. Il y avait du corail qui coupait comme du verre les chaluts. Mais c’était là qu’on pêchait le mieux, du merlu, de la dorade, du merluchon selon la saison.
En Espagne, j’avoue qu’il nous arrivait de franchir la limite des 12 000 pour pêcher la nuit avant l’aube dans les eaux territoriales espagnoles. A l’époque, il y avait des altercations dans le golfe, principalement avec les bateaux qui travaillaient en bœufs. Un jour, on en a accroché un. Il avait été chouette le gars, c’était un bon gars. On était passé entre les deux et on s’était pêché ! Alors pour démêler ça, c’était tout un bazar. Pour couronner le tout, en manœuvrant, je fiche le chalut dans l’hélice du Jean-Pierre. Alors, le patron espagnol nous a fait des signes pour nous faire comprendre de lui passer une amarre ou un fil d’acier. On lui a passé un fil d’acier, il l’a fixé sur notre chalut, il a tiré dessus et a dégagé l’hélice.