Fiche du témoin

Daniel Grandener

Daniel Grandener a embarqué comme mousse pour sa première campagne de pêche à bord du Varne. C’était pendant les fêtes de Noël, le bateau était ancien, la mer mauvaise…En débarquant, il s’est promis de ne plus réembarquer ! Daniel est quand même resté 6 ans à la pêche avant de quitter le métier de marin qu’il avait appris à aimer et qu’il évoque volontiers...

Version imprimable

Quand j’allais voir mon père à La Pallice

Mon père travaillait pour l’entreprise Bolcheni à La Pallice.  Il travaillait pour le carénage des bateaux mais aussi sur les hangars, les grues, et toutes les structures métalliques.  Il sablait, piquait la rouille et peignait.  Il travaillait souvent, pour les gros navires, dans la cale sèche, la grande cale de radoub mais il lui arrivait aussi de venir travailler sur le slipway pour des bateaux de pêche ou au môle d’escale où il peignait les grues.  Il a travaillé aussi dans pour "les 4 sergents". Avec un de ses collègues, ils ont sablé et peint toute la partie métallique de la verrière de ce restaurant de la rue Saint-Jean-du Pérot.

Mon père a commencé comme docker puis a quitté ce métier, qui, après la guerre ne payait pas beaucoup pour l’entreprise Bolcheni où il avait un meilleur salaire. Pendant la guerre, il allait faire les huitres avec mon grand-père. Il  n’a pas fait de formation : il a appris le métier sur le tas mais, très vite, il est devenu responsable sur le chantier. A la fin de sa carrière, il est allé travailler sur des plateformes pétrolières.

Quand je venais à la Pallice, c’était pour lui dire au revoir quand je partais en mer et pour lui demander s’il pouvait m’accompagner à bord avec mon panier à la fin de sa journée. Nous habitions Aytré et je n’avais pas de mobylette. Je savais que son métier était très dur. Pour le sablage, ils n’étaient pas équipés comme il faut : un casque comme un genre de scaphandre avec une petite protection qui retombait à mi-poitrine. Le tuyau d’air du compresseur venait dans le casque, et là, il respirait autant de sable que d’air ! Il a été atteint de silicose du sableur, la même maladie que les mineurs. Ce qui était aussi très dangereux, c’était quand il devait nettoyer les ballasts des navires. Il devait descendre dans ces cuves qui avaient contenu du gaz, du vin, du fuel…C’étaient des conditions très dures. Interview de Daniel Grandener le 26 juillet 2010

 

Ville de la Rochelle Musée DRAC Poitou Charentes FAR Ami du musée