Fiche du témoin

Daniel Grandener

Daniel Grandener a embarqué comme mousse pour sa première campagne de pêche à bord du Varne. C’était pendant les fêtes de Noël, le bateau était ancien, la mer mauvaise…En débarquant, il s’est promis de ne plus réembarquer ! Daniel est quand même resté 6 ans à la pêche avant de quitter le métier de marin qu’il avait appris à aimer et qu’il évoque volontiers...

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Chalutiers pêche arrière et chalutiers classiques

Sur les chalutiers pêche arrière comme l’Angoumois, on était abrité. Le principal inconvénient des pêche arrière, c’était que ces bateaux roulaient beaucoup parce qu’ils étaient hauts sur l’eau mais cet inconvénient était aussi un avantage car ils étaient plus haut sur la mer et qu’on prenait moins de paquet de mer par les côtés. Quand le bateau avait le cul dans l’eau, ça montait un peu mais sans plus. Sur les chalutiers classiques, quand on était dans la coursive à travailler et qu’on entendait « attention !!! », tout le monde s’en allait en courant parce que c’était un paquet de mer qui arrivait. Un paquet de mer, c’est plusieurs tonnes d’eau, donc autant vous dire que si vous n’aviez pas pris la précaution d’aller sur le roof, vous étiez balayé ! Si vous vous preniez un paquet de mer en demi-bottes, vous pouviez être sûr que tout était rempli ! Quand c’était un paquet assez fort et que vous n’aviez pas eu le temps de partir, vous vous retrouviez en train de nager dans la coursive, vous étiez trempé ! Le mauvais temps en mer, ce n’était pas très plaisant. Sur les classiques, on était sur le qui-vive sans arrêt. Quand on remontait le chalut, on remontait le paquet de mer avec, tout venait à bord en même temps. On était en travers de la lame à ce moment là alors qu’on sait, qu’en temps normal, un bateau ne se met jamais dans cette position. Pour remonter le chalut sur les bateaux classiques, on n’avait pourtant pas le choix. L’Angoumois, il se mettait « bout à la lame » et il virait, tranquillement, enfin, tranquillement, façon de parler !! Sur les chalutiers classiques, on remontait donc le filet à la houle. Quand le bateau roulait, on tirait le filet et puis quand la houle était à l’opposé, on attendait que ça remonte. Dans le grand Nord, le filet gelait au fur et à mesure qu’on le remontait. Sur certains bateaux, on arrivait, on pêchait le poisson, on le mettait dans les paniers, on le descendait dans la cale, pour ne pas qu'il gèle.  Une fois le chalut remis en pêche, on remontait le poisson pour l'étriper et le lavait puis on le redescendait pour le glacer. Ca m’est arrivé une ou deux fois de voir ça. Sur l’Angoumois, il y avait des aménagements qui facilitaient la vie à bord : une salle de travail pour le poisson, des couchettes plus confortables que sur les bateaux classiques. Sur les classiques, les couchettes étaient souvent situées à l’avant. Quand le bateau plongeait dans le creux de la vague, je peux vous dire qu’on était secoué ! on était balancé en dehors des couchettes… Sur l’Angoumois, on était sur le côté donc même si ça roulait, on était plus confortable. Sur les pêche arrière comme l’Angoumois, on allait souvent en Espagne. Sur les classiques, on allait dans le Nord comme sur Les Baleines, Les Barges, l’Hourtin, le Jalène, le Hellé.

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