Fiche du témoin
Jean Dumoulin
Jean Dumoulin a exercé le métier de mareyeur pendant 40 ans. Il a commencé en 1946 et a connu l’époque où les voiliers venaient vendre leurs poissons à La Rochelle. Il a assisté à une époque révolue ou l’encan grouillait de monde, de poisson, de cris et d’odeurs. L’encan « tout un monde », dit-il. Un monde qu’il nous raconte.
Lieux
Enchères
Comment est-ce que vous estimiez les prix du poisson quand vous arriviez le matin ? Qui démarrait le prix ?
C’était un peu au petit bonheur la chance. Y’avait des moments où on achetait le poisson à tel prix et 10 minutes après il montait ou hop ! Il faisait le contraire, il descendait. Les crieurs donnaient les prix ça montait ou ça descendais, ça dépendait …. Ah oui parce que ça pouvait descendre très facilement, ça montait puis ça descendait. Vous savez c’est ce qu’on appelle jongler. C’était comme ça, j’ai toujours vu, pendant 40 ans le même principe, ça toujours été le même.
Et je vais vous dire franchement on était très gentil comme ça, mais quand on voulait se faire une vacherie on la faisait , il y’avait pas de problème. Quand on achetait des lots on se poussait et puis après on partageait en 5, en 6… On partageait quelques fois des lots en 10 pour éviter de monter trop haut. Il y’avait des combines, c’est comme çà.
Quand il se mettait à neiger l’hiver, à partir du moment où y’avait de la neige, les courbes chutaient parce que les gens ne pouvaient pas se déplacer, les déneigeurs ne passaient pas. On ne pouvait pas expédier.
Un bon crieur, c’est celui qui ne ratait pas le dernier coup d’œil, parce que ou c’étaient les mains ou c’étaient les yeux ou c’étaient les paupières. Pour Les mains , il fallait vraiment avoir l’œil. Et on se disputait « Moi, j’ai cligné de l’œil. Vous ne m’avez pas vu ! ». Un jour, je me souviens, on avait eu une délégation de russes qui était venue nous voir et il ne comprenait pas qu’on puisse s’engager àpayer quelque chose sur un coup d’œil. Aujourd’hui, c’est plus pareil, tout est électronique maintenant.