Fiche d'un lieu

Bassin des Chalutiers

D’abord appelé bassin extérieur, le bassin des chalutiers est le troisième équipement portuaire de La Rochelle après le havre d’échouage et le bassin à flot intérieur. L’agrandissement de la taille des navires au 19ème siècle nécessitait la construction d’un bassin capable de les accueillir et répondre à l’accroissement du trafic maritime. Ce nouveau bassin à flot a joué et joue toujours un rôle important dans l’économie rochelaise.

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Le bassin des chalutiers

Un texte d'Yves Gaubert

L’histoire du bassin des chalutiers commence en 1862 quand il est creusé à l’extérieur des anciens remparts de la ville pour accueillir les navires de commerce et de pêche trop à l’étroit dans le havre d’échouage et le bassin à flot intérieur. Le havre est alors occupé par la flottille des voiliers de pêche et le bassin intérieur par des petits caboteurs. Le nouveau bassin, appelé bassin extérieur, est destiné à accueillir les navires de commerce. Il est relié, au départ, au canal de La Rochelle à Marans par une ouverture à l’est qui rejoint les douves du bastion Saint Nicolas. Le port du canal s’ouvre par une écluse vers le bassin de retenue et le canal proprement dit qui commence après la route (aujourd’hui boulevard Joffre). Ainsi, un trafic de type fluvial était possible à cette époque. L’arrivée du chemin de fer à La Rochelle va concurrencer ce moyen de transport qui va, peu à peu, disparaître.

Commerce et pêche cohabitent

Côté mer, la porte permet l’accès à l’avant-port et au chenal à la marée haute. Un pont tournant relie le Gabut à la Ville en Bois. Le bassin est creusé en L renversé avec une partie dans l’axe Ouest-Est et une partie dans l’axe Nord-Sud. Le bassin est prolongé de 200 mètres vers le sud en 1922 pour répondre à la demande des armateurs à la pêche qui manquent de place.

Avec la mise en service, en 1890, du port de La Pallice, une bonne partie du trafic maritime commercial quitte le bassin pour les nouvelles installations. Mais le quai Ouest est équipé de grues et continue à servir pour certains trafics comme le charbon et le bois. Le quai Est est réservé à la pêche, surtout à partir de 1923 avec la construction de cinq pêcheries par la chambre de commerce.

L’âge d’or de la pêche à vapeur

Ces cinq pêcheries ont des activités intégrées et importent du charbon pour alimenter les chaudières des chalutiers à vapeur. Et les navires de commerce repartent, à l’export, avec, entre autres, des traverses de chemin de fer. La pêche se développe et prend peu à peu toute la place. Les navires de commerce de plus en plus grands cessent de venir au bassin extérieur. Celui-ci ne peut accueillir que des bateaux jusqu’à 800 tonneaux et d’un tirant d’eau ne dépassant pas 4,50 mètres.

Entre les deux guerres, le nombre de chalutiers à vapeur de 38 à 40 mètres varie en fonction des aléas de la pêche. De 1920 à 1930, ils passent d’une quarantaine à quatre vingt trois. Mais le dépeuplement des fonds pour cause de sur-pêche (déjà) et la crise de 1929 mettent l’activité en difficulté. A la veille de la guerre de 39-45, le nombre de chalutiers industriels tombe à trente deux.

Le pont tournant qui relient les deux côtés du bassin au dessus de l’écluse est remplacé en 1935 par un pont levant qu’on fait venir démonté de Marseille. Ce pont est toujours en service aujourd’hui.

La nouvelle guerre constitue une rupture radicale. Les chalutiers industriels sont réquisitionnés par la marine française puis par les Allemands. Ils sont transformés pour des missions de guerre et nombre d’entre eux vont couler. Il ne reste à La Rochelle qu’une petite pêche côtière pour nourrir la population et l’occupant. Ce dernier va mener à bien un projet qui était celui de la chambre de commerce, la construction du slipway à l’extrémité Sud du bassin.

De la pêche industrielle à la plaisance

Dès la fin de la guerre, la pêche industrielle reprend de plus belle, et, comme après celle de 14-18, les premières années sont fastes. Les fonds se sont reconstitués et le poisson est abondant. Les nouveaux chalutiers de 38 mètres à 45 mètres sont équipés de moteurs diesel. Les tonnages montent.

La chambre de commerce fait construire le nouvel encan entre le quai Est et les pêcheries. Il est mis en service en 1953. Sur le quai Ouest, l’activité se développe aussi avec des ateliers de construction navale, de mécanique, forge marine, électricité, peinture, électronique, fabrique de glace. Les armements ont leurs chais à la Ville en Bois et au Gabut. Toute l’activité autour du bassin des chalutiers tourne autour de l’économie maritime.

Après un pic à 25 000 tonnes en 1965, la pêche commence un déclin inexorable. Les tonnages diminuent, des armements vendent peu à peu leurs navires tandis que d’autres déposent le bilan. Au début des années 80, une pêche artisanale hauturière avec des chalutiers de 18 à 25 mètres prend le relais. En 1994, le port de pêche est transféré à Chef de Baie, près du port de La Pallice. Une nouvelle vie commence alors pour le bassin des chalutiers. L’installation de pontons permet l’accueil des yachts de fort tirant d’eau. Le musée maritime déjà présent avec ses navires occupe le sud de l’encan. D’importants travaux sont entrepris pour l’ouverture d’une nouvelle version du musée en 2013.

 

Yves Gaubert

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